Femmes adorées en Thaïlande
Non, il ne s’agit pas d’un article sur les femmes thaïlandaises, il est vrai que cela pourrait être intéressant, mais beaucoup plus sérieusement des divinités féminines honorées en Thaïlande.
Une exposition organisée au Musée National de Bangkok de Mai à Juillet 2015 en est le prétexte. Cette exposition donnait à voir les représentations féminines des dieux, à partir des œuvres artistiques présentes dans les collections du musée.
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Depuis la préhistoire il a été accordé aux déesses un pouvoir surnaturel lié à la maternité et à la fertilité du sol. Par extension les femmes, dans les anciennes civilisations étaient reconnues pour avoir des pouvoirs magiques dus au fait qu’elles étaient capables d’enfanter et qu’elles avaient un instinct maternel naturel.
La Déesse Mère, ou Déesse de la Terre, était créditée du pouvoir de fertilité des femmes et de leur instinct maternel et donc de la fertilité du sol. Elle était considérée comme la créatrice et l’origine de toute vie sur terre, mais elle pouvait aussi détruire la vie à cause du comportement des humains.
Des sculptures de femmes ont été produites par les civilisations anciennes partout dans le monde, la plupart l’étant à des fins religieuses.
En Thaïlande les femmes étaient vénérées pour leurs pouvoirs surnaturels depuis la préhistoire comme le montre cette poterie trouvée dans une sépulture. La femme, personnifiée par la poitrine, était censée permettre la renaissance.
On a trouvé dans la région de Chonburi, un squelette féminin, qui a été nommée la «Déesse Mère de Khok Phanom Di» par les archéologues, qui était paré de plus de 120.000 coquillages et de plus de 1.000 perles, mais également de bracelets, de parure de tête et de boucles d’oreilles.
La société thaïlandaise est depuis des temps immémoriaux et jusqu’à présent une société très engagée dans l’agriculture. L’espoir de bonnes récoltes joue un rôle prépondérant. C’est pourquoi les femmes, fertiles, représentent les âmes sacrées de la nature, les bienfaits de la nature, comme les rivières, la terre et les cultures de bases.
Ces croyances animistes ont été renforcées par la suite par l’influence des différentes religions en provenance d’Inde : le Bouddhisme, l’Hindouisme et le Brahmanisme. Les civilisations de la vallée de l’Indus ont produits un grand nombre de Déesses réputées avoir un pouvoir sur la nature. Ces croyances étaient soutenues par des légendes populaires et des objets artisanaux qui rendaient ces croyances plus tangibles et assuraient leur longévité.
L’extension des religions de l’Inde en Thaïlande s’est accompagnée de l’appropriation par le peuple thaïlandais des déesses féminines qui ont rejoint les divinités animistes préexistantes.
Les hommes de préhistoire en Thaïlande croyaient que les femmes étaient la force vive qui donnait toutes vies. On en trouvé la trace dans les peintures rupestres qui décrivent des femmes enceintes ou faisant l’amour. Ces représentations étaient considérées comme un médium pour les humains qui pouvaient communiquer avec les pouvoirs surnaturels pour assurer la fertilité de leur communauté. On retrouve cette croyance dans le respect porté aux femmes, comme le montre les sépultures telle celle de Chonburi.
Le Brahmanisme et l’Hindouisme n’arrivèrent pas seulement directement d’Inde en Thaïlande mais aussi indirectement par la culture des voisins khmers. On trouve d’ailleurs encore aujourd’hui dans de nombreuses cérémonies royales des origines brahmaniques mais aussi dans de nombreux rituels pratiqués par la population. Dans le Brahmanisme, les déesses sont considérées comme les épouses des dieux. Les trois plus importantes sont Uma, Lakshmi et Sarasvati, leur pouvoir était reconnu et l’égal de celui des dieux, voire parfois supérieur.
Dans le Bouddhisme, les déesses ont un statut inférieur à celui de Bouddha, néanmoins elles ont un rôle important pour aider Bouddha. Dans le Bouddhisme Mahayana, important du 8ème au 13ème siècle, la femme est considérée comme l’égal de l’homme et peut donc atteindre l’Illumination. Les principales déesses sont Prajnaramita, Yogini, Tara et Cunda. L’implantation du Bouddhisme Theravada en Thaïlande, pratiqué par la majorité de la population à partir du 14ème siècle, entraîna le déclin de la croyance aux déesses et donc la production d’œuvres d’art les représentant.
Mais cette nouvelle religion n’a pas altéré les pratiques animistes. L’animisme est la croyance que des entités non-humaines, tels que la terre, l’eau les arbres, ont une essence spirituelles. Vénérer ces esprits assure une bonne fortune. C’est pourquoi les thaïlandais honorent la Déesse de la Terre, Ganga (la déesse de l’eau), Mae Phosop (la déesse du riz), Mae Sue (la protectrice des nouveaux nés), Nang Wak.
Dans les articles suivants je vous décrirai plus précisément ces différentes divinités et leurs représentations.
La série à lire :
Les déesses du Brahmanisme et de l’Hindouisme : Le suprême pouvoir des femmes
Les déesses du Boudhisme : Le pouvoir de l’intelligence
Les déesses animistes : Le pouvoir de la nature
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