Chulalongkorn : Les impressions du Roi de Siam sur le Paris de la belle époque (1/2)

En 1907, le Roi Chulalonkorn (Rama V) effectue son deuxième voyage en Europe.

C’est une visite privée contrairement au voyage officiel de 1897. Le voyage durera 8 mois de mars à novembre, la raison officielle étant d’aller rendre visite à ses fils étudiants en Angleterre. Il visitera Strasbourg, la Cote d’Azur et bien sur Paris.

Bien que non officiel, son voyage lui permettra de nouer des contacts avec les dirigeants français pour tenter de résoudre les conflits du Siam avec la France, en particulier sur les frontières avec le Laos et le Cambodge.

Le Roi écrivit des lettres à sa fille la Princesse Niphanoppadon durant tout son périple. Sur cette visite, le Roi nous laisse un témoignage sur le voyage, les pays traversés, la vie quotidienne, les modes de vie, … Il livre ses impressions mais également ses critiques personnelles. Ces lettres ont été publiées dans un recueil sous le titre de Klai Ban.

Depuis son premier voyage en Europe, le Siam et le Roi ont intéressé les français et ont fait l’objet de couverture de magazine, ce deuxième voyage du fait de son caractère privé est moins couvert par les journaux de l’époque.

Le Roi Chulalongkorn à Paris s’est intéressé aux arts. Il a profité de ce voyage pour rencontre Auguste Patey à qui il avait confié la réalisation de médailles à son effigie.

Il ira également visiter également la fonderie des Frères Susse qui devaient réaliser la sculpture du Roi à cheval qui sera installée à Bangkok à l’entrée du Memorial Bridge.

 

Il rendra également visite au peintre Carolus-Duran qui lui fit son portrait.

Il visitera également le Salon de l’Art au Grand Palais deux fois et indique a sa fille : «Il y a près de trois mille tableaux, ceci en excluant les deux mille non admis. Parmi les peintures exposées, nous en trouvons quelques-unes de modernes, convenables quoique modernes.».

Deux œuvres qui étaient exposées au Salon, on est loin de la peinture de Carolus-Duran !

 Matisse

Cézanne

Il ira aussi visiter la Manufacture de Sèvres, expliquant la technique à sa fille. Il y acheta quelques objets : «A cette occasion, j’ai acheté un ensemble de figurines pour la table de la salle à manger. Le travail en est vraiment parfait. A Meissen la qualité est la même pour la matière et la glaçure, mais au niveau des formes et de la finesse, le céramique française est de meilleure qualité. La manufacture de Sèvres de mon point vue surpasse toutes les autres.»

Il s’intéresse également à l’art culinaire et va déjeuner au restaurant de la Tour d’Argent où il y mange le canard numéroté 28348. Il fait part aussi d’autres repas tant à Paris qu’en province où il mange entre autre du foie gras.

Il va aussi profiter du spectacle de foires et de leurs manèges, et aller à un spectacle de l’Opéra-Comique, spectacle qu’il commente dans une de ses lettres : «Si on regarde leurs danses avec un regard vraiment thaïlandais, leurs représentations peuvent aussi nous sembler honteuses. Les danseuses soulèvent leurs jupes courtes et font des sauts comme des singes. Ce n’est pas joli pour des femmes d’avoir ces manières.»

Vidéo : Le Paris qu’a pu voir le Roi Chulalongkorn

Il profite de son séjour pour visiter les monuments parisiens : la Tour Eiffel où il était déjà monté lors de son voyage précédent, il y décrit l’environnement «On vend dans les boutiques en haut de la Tour des objets divers comme des boites d’allumettes, des cendriers, des tasses, des crayons, des cuillères, etc. … tous décorés d’une Tour Eiffel», le merchandising touristique existait déjà!

Il est impressionné par l’Opéra «C’est une très belle construction et nous ne pouvons en trouver de comparable nulle part ailleurs».

Lors de sa visite du Sacré-Cœur et constatant l’achat par les fidèles de bougies ou d’articles religieux, il les considèra comme «idolâtres».

Lors de son séjour en France, le Roi Chulalongkorn observe également la vie des français, cela fera l’objet d’un prochain article.

 

Cet article a pu être réalisé à partir du mémoire de maitrise présenté par Vasina Anchalisangkas, département de français de l’Universite Silpakorn de Bangkok, qu’elle en soit remerciée.

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